2022 - Voyage Paris

Les projets sont faits pour être soumis aux aléas des temps… Après l’épreuve covidienne (toujours rampante mais intégrée) la destination retenue à l’époque de Bordeaux, après une concertation démocratique qui honore le bon fonctionnement du bureau de l’association confrontée aux propositions de changements de caps et un vote à main levée, s’est retrouvée prendre la direction de Paris (c’était le 24 mai).

Va donc pour le Paris de la Commune pour ce 19e voyage historico-culturel, lequel succède à ceux du Palais Bourbon en 2001, du Creusot-Autun, de Jujurieux, de Lyon, Limoges, Troyes, du Jura, de la Picardie (chez Godin), de Castres (pour Jaurès), de Bourganeuf (Martin Nadaud) et Nohan (George Sand), de Paris et son Sénat (guidés que nous fûmes par Jean-Claude Frécon), de Gravelotte et Metz, de Genève et la Ferté-Voltaire, d’Auxerre (avec Camélinat), de Bruxelles, Poitiers et Lusignan (pour André Léo et ses amis), Saint-Flour et Montmouchet…

Cette litanie d’itinérance mémorielle a pour fonction d’illustrer un désir de vivre ensemble des expériences culturelles bienfaisantes, caractéristique de l’A.A.B.M. depuis pratiquement sa création. Une remarque toutefois : en 22 ans les effectifs des participants ont eu tendance à diminuer en nombre, le temps pesant d’un poids de plus en plus lourd sur les organismes… C’est ainsi qu’en 2022 nous n’étions plus que 15 : ont manqué à l’appel, contre leur gré et dans le désordre, Marie-Dominique et Georges, Pierre-Marie, Marcelle, Marie-Thérèse et René, Claudette et Maurice, Geneviève, Colette, Michèle, Danièle et Claude… Avec elles et eux nous aurions pu (dû ?) doubler les effectifs…

Malgré ces absences avec lesquelles l’on ne peut que compter, c’est le vendredi 30 septembre que le T.G.V., en fait l’INOUI, non gréviste (le suspense la veille était à son comble) a translaté jusqu’à Paris Janine, Georges, Mireille, Anne-Marie, Gérard, Marie-Edith, Jacques, Daniel, Martine, Hervé, Marie-Claude et Gérard, Valérie ayant précédé la délégation, Sylvie et Jean-François ayant opté pour le transport autonome.

La ligne 14 du métro, utilement prolongée pour le bonheur de tous, a pu déverser son lot de porteurs de valises Porte de Clichy, direction l’hôtel IBIS de la rue Bernard Buffet dans le 17e, fief malonien par excellence. Une fois les valises déposées ce fut pour certains la découverte du parc Martin Luther King ceint d’immeubles à l’architecture foisonnante, puis, via la rue Nollet où vécut André Léo, ce fut la place de la République où, à 15 heures, devant la caserne Vérine, rendez-vous nous avait été donné : Anouk Colombani, guide et philosophe spécialiste de la Commune nous attendait. Grâce à une déambulation de deux heures et plus nous avons pu découvrir un 10e arrondissement de résistance communarde, avec ses héroïnes anonymes, blanchisseuses de leur état en général, et leur égérie, morte sur les barricades, Blanche Lefèvre, ses lieux fondateurs comme le Tivoli Vauxhall, la pension où Louise Michel enseignait, la mairie du 10e (reconstruite sous une République soucieuse d’apparat), la prison Saint-Lazare, véritable quartier carcéral pour femmes, et enfin l’église Saint-Laurent. Furent évoqués avec talent le sort des combattantes l’ambiance des lieux de discussion, la désinformation versaillaise, les procès pour l’exemple de pétroleuses (4 condamnations à mort), et bien d’autres considérations nourries par une ferveur palpable. Anouk nous a quittés après avoir offert le CD de son spectacle en chansons, « Il faut venger Gervaise. Si la Commune de Paris m’était chantée », où « les Plébéiens reprendront la parole ». Le soleil brillait sur la Commune et l’IBIS distribua ses chambres, et le restaurant du soir, le Beautignolles, retenu par les soins de l’agence B. M. (pour Bénévoles Motivés, c’est-à-dire Daniel, Martine et Hervé) nous attendait avec son poulpe et ses souris d’agneau bien sûr.

Agnès Colombani dans ses œuvres

Agnès Colombani dans ses œuvres

Le samedi 1er octobre a vu le groupe se diriger vers Denfert-Rochereau, qui pour une expédition aux catacombes, qui pour une exploration du Q.G. de Rol Tanguy au musée de la libération de Paris, parcours édifiant sur des journées et des figures historiques dont il faut en effet entretenir la mémoire. Puis ce fut la place d’Italie, sa pizzeria Terrasse d’Italie et le rendez-vous de 14 heures avec les Amis et les Amies de la Commune de Paris, Jean-Louis Guglielmi, Pascal Baumer, Éric Lebouteiller (notre intermédiaire sur place), Fred Morisse, et Marc, lecteur habité d’un Verlaine communard dont Lagarde et Michard faisaient peu de promotion. En suivant les pas et les paroles de Jean-Louis on a pu comprendre que le 13e, sous la houlette éclairée d’un personnage emblématique comme Émile Duval, pouvait être considéré comme étant à l’origine de la Commune. De la place d’Italie à la butte aux Cailles aux talus refaits l’itinéraire fut abondamment commenté et la Commune revisitée avec force et conviction. Une visite des locaux des Amis et Amies de la Commune de Paris, rue des 5 diamants, a suivi avec la découverte d’ouvrages de Fred Morisse, romancier (Un hiver de chien et Sous le ciel rouge de mai aux éditions Depeyrot) et éditeur (« Le bas du pavé à Mussidan, 24 400, site : lebasdupav.fr). Ensuite chacun a déambulé au fil des peintures murales de la butte avant de se retrouver entre nos deux associations au restaurant, une S.C.O.P., « Le temps des cerises », où il est stipulé que le Communard est une boisson qui ne peut qu’être à la mûre (et surtout pas au cassis, dijonnais donc étranger à la butte) et où le boudin, la joue de porc ou la bavette ont efficacement restauré des organismes éprouvés mais comblés !

Jean-Louis Gublielmi et les Amis et amies de la Commune

Jean-Louis Guglielmi et les Amis et amies de la Commune

Le dimanche 2 octobre, dernier jour de l’escapade culturelle, nous a vus au musée Carnavalet, dont une visite exhaustive ne doit être possible que si elle s’étale sur deux ou trois jours… Pour nous ce fut deux heures ! Car le restaurant « Les Bougresses » (le quatrième en deux jours et demie…) nous attendait, ainsi qu’une averse orageuse au moment du dessert. À la sortie le soleil était de retour pour un tour de la place des Vosges où la scission eut lieu, certains pour la visite de la maison de Victor Hugo, d’autres pour des destinations personnelles et une récupération de bagages avant le retour sur la Loire en soirée.

Trois journées intenses ont confirmé le bien fondé du rituel pèlerin de l’association. 2023 sera-t-elle l’année bordelaise ? Le bureau décidera en son âme et conscience !